Une journée dans la vie d’un coordinateur de jardins…
Vous êtes-vous jamais demandé quel effet cela fait de contribuer à faire naître à la vie de beaux jardins — pas seulement pour votre plaisir personnel, mais pour celui d’autrui, tout en récoltant de l’argent au profit de causes méritantes ? Non ? Alors, faites connaissance avec Ian Warden, l’un des nombreux dévoués bénévoles au sein de l’association ‘Open Gardens/Jardins Ouverts’. En sa qualité de coordinateur de jardins, Ian joue un rôle-clé en reliant entre eux les jardiniers, en organisant des événements, en construisant un esprit de corps — tout en donnant libre cours à sa passion de toute une vie, les plantes (et aussi, de temps en temps une petite tranche de gâteau…).
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Pouvez-vous nous raconter un peu d’où vous venez ? Quel était votre métier, et comment vous vous êtes retrouvé en France ?
Durant la plus grande partie de ma vie professionnelle, j’ai été professeur des arts plastiques. Cependant, depuis mon entrée dans l’âge adulte et mon premier jardin, je m’intéresse à la vie des plantes ; et, venu le temps en 2002 d’une retraite précoce, j’ai pu réaliser un de mes rêves en créant une pépinière. Avec mon conjointe, j’ai, pendant de nombreuses années, géré cette pépinière en l’incluant dans un ensemble composé d’un jardin d’agrément, la pépinière proprement dite, un salon de thé et une brocante. M’installer en France, c’était un autre de mes rêves, qui a pris corps en 2008, lorsque nous avons acheté en Dordogne une maison de vacances. Au cours des années suivantes, j’y ai régulièrement séjourné, et, en 2015, me suis investi comme Coordinateur dans Open Gardens/Jardins Ouverts. Après notre installation permanente en France en 2020, et l’achat d’une nouvelle propriété, j’ai pu également créer un nouveau jardin, que nous ouvrons pour la première fois au public en 2025.
Qu’est-ce quii vous a incité à devenir coordinateur de jardins pour Open Gardens/Jardins Ouverts ?
Au Royaume Uni, nous ouvrions depuis une douzaine d’années notre jardin dans le cadre du National Garden Scheme (le célèbre ‘Livre jaune’), et je regrettais de ne pas trouver semblable organisation en France, car je croyais fermement au principe qui consiste à ouvrir son jardin au profit d’oeuvres de bienfaisance. Ce fut donc pour moi une joie de découvrir une annonce de Mick Moat (le fondateur de l’association), qui recherchait des volontaires pour devenir coordinateurs dans ma région.
Comment vous êtes-vous investi comme bénévole dans l’association ?
Mick, qui jamais ne lésinait lorsqu’il fallait se déplacer au service des objectifs de l’associaition, vint en Charente rendre visite à deux dames et à moi, qui avions tous les trois manifesté le désir d’en savoir davantage. Autour d’une tasse de thé et de pâtisseries maison, nous l’avons écouté exposer ses idées pour le développement de Open Gardens/Jardins Ouverts, et son enthousiasme s’est révélé contagieux.
Avez-vous quelque peu hésité avant de vous engager —et qu’est-ce qui vous a décidé à le faire ?
Ma seule hésitation tenait au fait qu’à l’époque je ne résidais pas en permanence en France ; mais il m’assura qu’il serait toutefois possible pour moi de remplir pleinement mon rôle de coordinateur ; nous étions trois au début, pour couvrir les besoins du sud de la Charente et du nord-ouest de la Dordogne, les deux autres coordinateurs étant français, ce qui rendait la situation plus aisée.
🌼LE ROLE EN TANT QUE TEL
A quoi ressemble une année-type pour un coordinateur de jardin?
D’ordinaire, je commence à penser en janvier à lancer les activités de l’année, et j’envoie à tous nos membres propriétaires de jardin une lettre pour les remercier d’avoir ouvert leur jardin l’an passé et à leur rappeler les sommes que cela avait rapportées, en leur suggérant de réfléchir à la possibilité, ou non, d’ouvrir à nouveau pour nous leur jardin cette année ; et, sinon, à la façon dont ils pourraient autrement nous aider. Dans ma lettre, je souligne aussi que je reprendrai contact avec eux en avril, pour les inviter à notre rassemblement annuel avant l’ouverture de la saison.
Préalablement à cette invitation, je mets d’ordinaire une annonce sur notre indispensable réseau Dronne Valley Network /DVN, pour inviter toute personne intéressée par l’idée d’ouvrir son jardin à prendre contact avec moi. Ce qui signifie que toutes ces personnes peuvent venir nous retrouver lors de notre rassemblement ; suit, en avril, une invitation à venir nous rejoindre pour cette réunion amicale, qui a lieu au domicile d’un de nos propriétaires de jardin, et se tient en général début mai, avec tasses de thé et gâteaux à profusion, et, principalement, la possibilté pour tous nos jardiniers et autres aidants bénévoles de se rencontrer, discuter des ouvertures de l’an passé, échanger des idées et projets, et répondre aux questions que peuvent se poser les nouveaux ouvreurs de jardin. A mon avis, cela nous aide à nous sentir partie prenante d’un effort collectif. Les nouveaux ouvreurs de jardin ont souvent besoin d’aide pour bâtir leur page-jardin sur le site web, déterminer leurs dates et horaires, organiser le stationnement, trouver des aidants etc. Durant le reste de la saison, je passe mon temps à visiter de possibles nouveaux jardins, et soutenir les propriétaires enregistrés (voir ci-dessous). Je suis également présent à chaque ouverture.
Quelles sortes de tâches sont les vôtres avant, durant et après chaque événement-jardin ?
Elles sont extrêmement variées. Les propriétaires qui ont de l’expérience n’ont pas souvent besoin de beaucoup d’aide, mais il y en a d’autres à il faut fortement « tenir la main ». Comme cela a été dit plus haut, avant d’ouvrir, les jardiniers pourront avoir besoin de conseils pour des choses telles que la constitution d’une page-web, la décision quant aux dates et horaires, l’organisation du stationnement, la recherche de personnes pour aider, les moyens de publicité, ainsi de suite. Je m’efforce d’encourager les ouvreurs de jardin à demeurer aussi indépendants que possible, mais je mets moi-même en place des annonces sur le DVN et dans le magazine français ‘Totem’, et fais circuler l’information sur les dates d’ouverture parmi mes contacts dans mes groupes de jardiniers.
Combien de temps tout cela vous prend-il, et de quelle marge de souplesse disposez-vous ? Impossible de répondre ! Cela dépend, je suppose, du temps que vous êtes disposé à consacrer à votre rôle. J’y prends plaisir, surtout lors des visites de jardins, donc je ne ressens pas cela comme une contrainte de temps. D’avril jusqu’à environ la fin juillet, il y a beaucoup de choses à organiser, mais beaucoup se fait sur l’ordinateur, ou au téléphone, donc sans beaucoup empiéter sur le temps personnel de jardinage !
Quelle sorte de soutien, quelles ressources l’association vous procure-t-elle ?
Pour moi, il est avant tout nécessaire de pouvoir bien communiquer, et les responsables de l’association excellent en la matière. Mes questions reçoivent rapidement réponse, et toute demande d’aide est toujours satisfaite. Les propriétaires reçoivent toute la documentation nécessaire à leur ouverture de jardin, et les coordinateurs sont toujours pleinement tenus au courant des nouveaux développements, changements, etc.
MEILLEURS MOMENTS ET EFFETS
Pouvez-vous nous décrire l’une de vos plus mémorables journée d’ouverture ?
La plus mémorable de ces journées est probablement celle de l’ouverture de mon propre jardin cette année — source d’immense plaisir et de grande satisfaction. A part cela, je me souviens bien, vers la fin de la période de covid, lorsque les restrictions étaient lentement levées, d’une ouverture de jardin très réussie en soirée plutôt que dans la journée comme prévu. Le début de soirée peut se révéler un moment idéal pour se promener dans un jardin, et apprécier la compagnie d’autres visiteurs autour d’une tasse de thé et de pâtisseries — cette soirée là en fut un bon exemple.
A votre avis, en quoi ces événements profitent-ils à la communauté locale et aux jardiniers eux-mêmes ?
Je pense que, pour la plupart, les propriétaires de jardin aiment partager avec d’autres le fruit de leur dur travail. En général, les visiteurs de jardins sont des gens très sympathiques, qui savent apprécier les efforts d’autrui. Ouvrir son jardin peut être une belle occasion de réunir une communauté de voisins, en leur faisant partager une réjouissante expérience.
Quelle est pour vous la partie préférée de votre rôle de coordinateur ?
Je dois dire qu’en tant que passionné de jardin et botaniste, rien ne me donne plus de plaisir que la visite d’autres jardins, mais le rôle procure de nombreux autres motifs de satisfaction, dont le moindre n’est pas de faire la connaissance de nouvelles personnes, et de contribuer au très remarquable travail de notre organisation.
Votre rôle vous a-t-il permis de construire des amitiés durables, ou de nouveaux réseaux d’amis ?
A travers mon rôle de coordinateur, j’ai pu faire de nombreuses nouvelles connaissances, et aussi découvrir de nouvelles parties de notre région. Je conçois notre réseau de propriétaires de jardin comme constituant une petite communauté, et j’aime à penser que nous avons souvent permis de rassembler des gens qui partagent un même intérêt.
DéFIS et CONSEILS
Quel est le plus grand défi que représente la coordination d’un ou plusieurs jardins ?
Il est utile de savoir faire preuve de diplomatie — tous les jardins ne peuvent pas être retenus pour l’ouverture au public, du moins pas avant quelques changements ou amélioration, mais il convient de respecter ceux qui sont disposés à ouvrir le leur. Il est parfois possible de coupler un jardin apparemment non approprié avec un autre dans le voisinage, ou bien on peut persuader le propriétaire d’organiser dans son jardin un événement, de sorte que le point focal devient l’événement, plutôt que le jardin lui-même.
Les aspects pratiques, comme trouver des gens en nombre suffisant pour vous aider ou résoudre les problèmes de stationnement, peuvent se révéler difficiles ; mais le plus grand défi du rôle c’est de trouver de nouveaux jardins. Tout le monde n’est pas prêt à ouvrir chaque année, certains ne veulent ouvrir qu’une seule fois, donc il devient très important de trouver de nouveaux jardins. La vente de cartes d’adhésion annuelle ne peut marcher que si les gens savent qu’il y aura dans leur secteur assez de jardins ouverts à la visite pour justifier la dépense.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui envisagerait de devenir coordinateur ?
Parler avec d’autres coordinateurs, pour en savoir plus sur le rôle. Visiter des jardins qui ouvrent déjà pour notre association, pour se familiariser avec la manière de faire les choses. Se montrer sensible aux besoins des propriétaires de jardin — y répondre, plutôt que leur imposer quoi que ce soit. Garder l’oeil et l’oreille ouverts pour trouver de possibles nouveaux jardins — pour la plupart, mes nouveaux jardins sont venus par ouï-dire.
Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé savoir avant de commencer ?
Lorsque j’ai commencé, le rôle de coordinateur en était encore à ses tout débuts ; il s’est depuis beaucoup développé. Il existe de nombreux moyens de soutien : les nouveaux coordinateurs doivent se senir en confiance pour demander ce soutien.
🌻 ENCOURAGER AUTRUI
Que diriez-vous à quelqu’un qui aime les jardins, mais qui n’est pas sûr d’être « qualifié » pour devenir coordinateur ?
Il n’existe pas de qualification en tant que telle, mais, s’il y en avait, la principale serait probablement l’amour des jardins. Comme dans la vie, vous ne saurez pas avant d’avoir essayé. Il s’agit d’un rôle très utile, et qui apporte de grandes satisfations. Il existe un fort soutien disponible, et d’autres coordinateurs se feront toujours un plaisir de partager les bons tuyaux avec vous.
Selon vous, en quoi votre rôle fait-il la différence ?
En 11 ans, notre organisation a distribué plus de 176,000 € à diverses oeuvres de bienfaisance en France, et je me plais à penser qu’en remplissant mon rôle, j’ai contribué à ce résultat. Souvent, le coordinateur est le lien physique entre le propriétaire de jardin et l’association ; les gens souhaitent aider à récolter des fonds pour de telles actions bienfaisantes, mais ils ont besoin qu’on les aide à pouvoir le faire. C’est là que le coordinateur intervient.
Pourquoi pensez-vous que Open Gardens/Jardins Ouverts est une cause qui mérite d’être soutenue ?
Les résultats parlent d’eux-mêmes. Collecter une si forte somme d’argent au profit d’enfants gravement malades ou handicapés représente une fin en soi. Faire cela en procurant du plaisir à des milliers de gens, c’est du gagnant-gagnant.
Pouvez-vous nous partager une photo d’un de vos événements, et nous raconter l’histoire qui le sous-tend ?
Il y a plusieurs années, une dame charmante, du nom de Jenny Swan, ouvrait régulièrement son jardin pour nous. Malheureusement elle nous a quittés, mais son souvenir et celui de son jardin demeurent. Jenny était avant tout confinée à son fauteuil roulant, mais toujours elle arborait un grand sourire, avec beaucoup de modestie quant au résultat de son travail dans son beau jardin. Nous avons pris des photos d’elle et de son jardin pour servir la publicité de Open Gardens/Jardins Ouverts ; c’est magnifique de voir ces photos, qui nous rappellent un belle personne.
Avez-vous un « moment-jardin » préféré, qui résume les raisons pour lesquelles vous aimez votre rôle de coordinateur ?
J’adore le moment où, même sous la pluie, arrivent les visiteurs disposés à soutenir notre oeuvre, car, pour moi, ils incarnent le véritable esprit du don. C’est une joie de célébrer toute ouverture réussie de jardin. Nous pouvons être fiers des fonds que nous avons collectés dans notre région, et j’espère que nous allons pouvoir continuer à soutenir de cette façon des causes méritantes.
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Nous espérons que l’histoire de Ian sera pour vous source d’inspiration. Si l’envie vous vient d’en savoir davantage sur la manière de devenir coordinateur de jardins, veuillez prendre contact avec Susan Lambert à president@opengardens.eu, ou sur le site web https://www.opengardens.eu.