Jardiner en période de mutation : Leçons tirées de jardins partout en France

En tant que jardiniers, nous sommes habitués aux rythmes de la nature : les premiers bourgeons, le bourdonnement paresseux des abeilles en été, le bruissement des feuilles en automne. Mais partout en France, ces rythmes sont en train d’évoluer. Étés plus chauds, orages soudains, périodes de sécheresse incertaines mettent à rude épreuve même les manieurs les plus expérimentés du déplantoir. Nous avons donc fait appel à ceux qui connaissent le mieux nos jardins, en l’occurrence les membres de Jardins Ouverts, pour leur demander comment ils s’adaptent. Depuis la froidure du nord jusqu’au sud baigné de soleil, vos réponses ont dressé un tableau merveilleusement varié de résilience, d’expérimentation et de paisible réinvention.

Du Nord au Sud : Un patchwork d’expériences diverses

Dans le centre de la France, Nell, propriétaire de l’un de nos Jardins Partenaires (l’Arbortum de la Sédelle), suit de près ses arbres. Elle a remarqué que les chênes (Quercus robur) souffrent dans les sols peu profonds, tandis que les hêtres (Fagus sylvatica) détestent les étés secs et peu humides. Pourtant, tout n’est pas perdu : ses érables montrent de remarquables facultés d’adaptation. Nell nous rappelle également qu’« un bon paillage est un atout précieux pour aider les jeunes arbres à s’établir et protéger les plus âgés ». C’est un rappel discret que les petites habitudes régulières font souvent toute la différence.

Christine, qui vit dans la Creuse, propose son regard de designer. « Pensez à votre pelouse : en avez-vous vraiment besoin ?» suggère-t-elle. « Pourquoi ne pas adopter un style méditerranéen, avec des gravillons et des pierres, de la répétition ?» Son conseil est pratique et libérateur : réduire la variété des plantes, répéter ce qui fonctionne et ajouter des légumes – « vous pourrez alors arroser les deux à la fois !» Elle recommande également d’ouvrir les jardins plus tard dans la saison, lorsque la chaleur s’atténue et que la lumière automnale adoucit le paysage en le rendant tout doré.

Plus à l’ouest, Pat, qui est de retour au Royaume-Uni mais repense à ses années de France, se souvient de la disparition de plantes vivaces fragiles comme l’astrantia, l’astilbe et l’alchémilla mollis à cause de la sécheresse. « Ce sera observable ici aussi », ajoute-t-elle, preuve que ce genre de leçons traverse les frontières aussi facilement que les graines qu’emporte le vent.

Plus au sud, en Dordogne, Sue Cleaver entretient un jardin de moulin à eau, littéralement niché dans la Dronne. On tendrait à penser qu’il reste luxuriant toute l’année, mais même dans cet endroit elle constate que l’été est resté étonnamment sec. « Nos kiwis ont brûlé, nos acers ont perdu leurs feuilles, mais nos yuccas ont prospéré », dit-elle en souriant. Elle et son mari comptent sur le limon naturel de la rivière pour nourrir le sol en lieu et place de paillage, ce qui permet aux eaux de crue de faire leur travail chaque hiver.

Sue nous a également partagé de magnifiques photos de son jardin, dont une image saisissante d’un banc en bois à moitié submergé par la crue. Cela illustre parfaitement les contrastes d’un climat changeant : tranquillité et turbulences qui se côtoient, la nature nous rappelant qui est aux commandes.

En Provence, Nicky est confrontée au défi inverse. Son jardin s’étend sur un ancien marais bordé d’une rivière ; la nappe phréatique se trouve à peine à un mètre de profondeur. Malgré une chaleur estivale torride, la plupart des plantes ont résisté sans arrosage, même si des pluies torrentielles ont ensuite inondé le sol. Une brève « mini-tornade » a même balayé le jardin, couchant au sol un grand peuplier. « Le changement climatique ne pose donc pas vraiment de problème, pour le moment », remarque-t-elle avec ironie.

Jackie et Len départagent les gagnants et les perdants : la verveine bonariensis, le gaura, le rosier rugosa, l’agapanthe et la lavande ont tous prospéré, tandis que les rosiers, l’échinacée et le buddleja ont souffert. Les conseils pour leur plantation sont simples : la période idéale c’est septembre-octobre, lorsque le sol est encore chaud mais que l’air s’est rafraîchi.

Sarah et David, dans le sud-ouest, repensent toute leur approche.
« Arroser était épuisant — et c’est du gaspillage », reconnaissent-ils. Malgré les soins quotidiens, leurs dahlias les ont déçus, et même les hibiscus ont perdu leurs fleurs en signe de protestation. Aujourd’hui, ils remplacent les plantes avides d’eau par des espèces méditerranéennes, avec paillage épais, jusqu’à 15 centimètres – et en rapprochant leur potager de l’eau. Ils sèment même des graines d’annuelles en automne pour une croissance plus précoce et plus vigoureuse l’année suivante.

Mais notre Présidente Susan Lambert, nous rappelle tout doucement, depuis son propre jardin, situé dans une vallée chaude et sèche, mais qui connaît des -10 degrés Celsius en hiver, que la patience est parfois payante. « Là où Sarah et David ont eu des problèmes avec leurs dahlias, j’en ai eu aussi : les miens n’ont atteint que la moitié de leur hauteur normale. Mais dès que la pluie est revenue, ils ont repoussé comme d’habitude, et j’ai obtenu une magnifique floraison, toujours encore aussi belle. » Son expérience nous rappelle à point nommé qu’il ne faut pas abandonner trop tôt : certaines plantes attendent peut-être simplement le bon moment pour se remettre en forme !

Liz nous fait part d’un point de vue réfléchi depuis son propre jardin. Elle a eu la surprise de perdre plusieurs lavandes – « Anna » et « Elisabeth » – tandis que la variété « Richard Grey » était florissante. Elle s’est contentée d’arroser quelques plantes particulièrement vulnérables : l’hortensia Annabelle et une espèce particulière de camélia, qu’elle a taillé et qui a bien repris. Une partie de sa haie d’ifs a bruni, probablement à cause d’un coup de soleil plutôt que de la sécheresse. Elle garde une pratique constante : paillage, rempotage des bulbes et confiance dans la résilience des plantes.

Et pour finir, Paul, qui jardine sur une grande parcelle très sèche, résume la situation en un mot : imprévisibilité. « Il faut maintenant s’attendre à des événements inhabituels : quarante degrés un jour de juin, de la grêle le lendemain », dit-il. Pourtant, curieusement, son jardin « est plus beau que jamais, avec certains arbustes qui fleurissent deux fois ».
Après des années d’observation, Paul a affiné quelques principes clés :

  • Planter en septembre et octobre, et non au printemps : « presque tout ce qui a été planté au printemps n’a pas poussé.»
  • Arroser régulièrement la première année, surtout les arbres et les arbustes.
  • Simplifier : limitez votre palette de plantes aux plantes robustes et résistantes.
  • Respecter les microclimats : déplacez ou repositionnez les plantes en fonction de la course du soleil et de son intensité d’une année à l’autre.
    Arroser le soir pour aider le sol à conserver l’humidité.

Sa liste de « survivants » incontournables est un véritable condensé de la résilience méditerranéenne : perovskia, grevillea, cotonéaster, pittosporum, romarin, eleagnus, yucca, phormium, sauges, conifères, lavande, santoline, helicrysum, achillée, fenouil, saponaire, gaura, echinops, solidago, iris, canna, nepeta, stachys, verveine de Bonariensis et graminées ornementales.

« Ces arbustes et vivaces sont tout simplement plus faciles à cultiver », explique-t-il, « et une fois bien établis, ils ne nécessitent aucune attention pendant la saison de croissance.»

Racines communes, sagesse partagée

Dans tous ces jardins – humides, secs, ombragés ou ensoleillés – un message s’impose : s’adapter ne signifie pas repartir de zéro. Il s’agit d’observer attentivement, d’apprendre de ses échecs et de laisser au jardin une chance d’évoluer.

Qu’il s’agisse d’abandonner les pelouses, de remplacer les dahlias par des plantes résistantes à la sécheresse ou simplement de décaler la date d’ouverture du jardin, chaque petit changement contribue à l’épanouissement de nos jardins de France face au changement climatique. Et comme le montrent ces témoignages, nous, jardiniers, ne sommes rien, sinon adaptables.

Guide rapide : Les recommandations de nos jardiniers

Plantes résistantes : Verveine de Bonariensis, gaura, yucca, sedum, cyclamen, rosier rugueux, agapanthe, canna, roses trémières, soucis, lavande (‘Richard Grey’), romarin, perovskia, santoline, népéta, achillée, stachys, echinops, phormium, eleagnus, graminées.

Plantes en difficulté : Dahlias, hortensias, astilbes, échinacées, buddlejas, rosiers, astrantias, alchémilles, certaines lavandes (‘Anna’ et ‘Elisabeth’).

Les meilleurs conseils :

  • Repensez votre pelouse : remplacez-la par du gravier, des graminées ou une prairie mixte.
  • Arrosez abondamment, mais moins souvent ; rapprochez les plantes assoiffées d’une source d’eau.
  • Paillez généreusement (jusqu’à 15 cm).
  • Plantez en septembre-octobre, et non au printemps.
  • Continuez d’arroser les jeunes arbres et arbustes pendant leur première année.
  • Simplifiez : privilégiez les plantes résistantes, adaptées à votre microclimat.
  • Plantez davantage de bulbes dès maintenant pour profiter de floraisons plus précoces et envisager une ouverture un peu plus tôt l’année prochaine.
  • Profitez des bienfaits de la nature : limon, ombre, voire une ou deux inondations.

Un immense merci à tous ceux qui nous ont fait part de leurs expériences, ainsi qu’à Sue Cleaver pour ses magnifiques photos qui illustrent à la fois la beauté et les défis du jardinage au bord de la rivière Dronne. Ensemble, vous avez montré comment, malgré les changements de saison, nos jardins – et nos jardiniers – continuent de grandir, de s’adapter et d’inspirer autrui.

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